Les différentes dispositions instaurées entre 2010 et 2015 vont diminuer le montant cumulé des pensions obligatoires de 4,5 % en moyenne et jusqu’à 10 % pour les bas salaires, selon une récente étude du ministère des Affaires sociales.
Les dernières réformes des retraites vont avoir un impact non négligeable sur le niveau des pensions. Sans les lois et réglementations instaurées entre 2010 et 2015, le montant des prestations versées durant toute la durée de retraite aurait été en moyenne 1,3 % supérieur pour les assurés nés en 1950, d’après les simulations de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) du ministère des Affaires sociales et de la Santé. Cette étude, effectuée à la demande du Conseil d’orientation des retraites (COR) et rendue publique le 5 décembre 2016, montre que la baisse devrait même atteindre 4,5 % en moyenne pour la génération née en 1980.
Le recul de 60 à 62 ans de l’âge légal (l’âge minimum de départ à la retraite) mis en place par la réforme de 2010 et l’allongement de 41,5 à 43 ans de la durée d’assurance (le nombre de trimestres exigé pour toucher une pension de base sans décote) par la loi de 2014 vont mathématiquement réduire le temps passé à la retraite. De 28 ans en moyenne, celui-ci tombera à 26,4 ans en moyenne pour les assurés nés en 1980.
Impact négatif des accords paritaires
En travaillant plus longtemps, les actifs valident davantage de trimestres de cotisations à la retraite de base et acquièrent des points supplémentaires à la retraite complémentaire. Tout ceci devrait normalement concourir à une augmentation des pensions de base et complémentaires. Mais là aussi, les effets des réformes s’avèrent négatifs.
C’est particulièrement le cas des accords signés en 2011, 2013 et 2015 par les partenaires sociaux, gestionnaires des régimes de retraites complémentaires Arrco (pour tous les salariés) et Agirc (pour tous les seuls cadres). En gelant la valeur du point, en baissant le rendement des cotisations et en repoussant la date de revalorisation annuelle du 1er avril au 1er novembre, ces textes tirent le montant des pensions complémentaires vers le bas, sachant qu’elles représentent 30 % à 40 % de la retraite globale.
Une augmentation moins élevée
Certes, sous l’effet de la hausse des qualifications, du développement du statut de cadre et de l’augmentation du taux d’activité chez les femmes, le montant nominal des pensions continue à progresser au fil des générations. Toutefois, le rythme va ralentir. Les assurés nés en 1980 devraient percevoir 23 % de pensions cumulées durant la retraite en plus comparés à ceux nés en 1950. Sans les réformes, le différentiel aurait été de 27 %.
Mais ce sont surtout les bas salaires et les seniors au chômage qui vont payer le plus lourd tribut. Parce qu’ils auront cotisé à un niveau moins élevé ou parce qu’ils ne vont pas pouvoir justifier de tous leurs trimestres, le montant total des pensions qu’ils vont percevoir à la retraite sera inférieur de 10 % à celui qu’ils auraient dû toucher en l’absence de réformes pour ceux nés en 1980, selon les projections de la Drees.
Source : http://drees.social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/er985.pdf
Lire aussi : Réformer virtuellement le système de retraite