
Le président du Conseil d’orientation des retraites a proposé de supprimer l’abattement fiscal pour les retraités. Une mesure qui pénaliserait fortement les pensionnés les plus fortunés.
La proposition de supprimer l’abattement fiscal de 10 % pour les retraités, évoquée en début d’année dans la presse par Gilbert Cette, le président du Conseil d’orientation des retraites (COR), fait débat. Une étude, diffusée le 9 janvier 2025 par l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), éclaire les impacts potentiels de cette mesure, qui pourrait générer 4 milliards d’euros d’économies pour l’État, mais frapperait particulièrement les retraités aux revenus les plus élevés.
Un avantage fiscal limité
Depuis 1978, les retraités bénéficient d’un abattement automatique de 10 % sur leurs revenus déclaré à l’administration fiscale sur le modèle de celui au titre des frais professionnels octroyé aux actifs. Cet avantage fiscal est cependant plafonné à 4 321 euros par an, bien en deçà des 14 171 euros accordés aux travailleurs.
La suppression de cet abattement, selon l’OFCE qui est rattaché à Sciences Po, entraînerait une hausse globale de l’impôt sur le revenu (IR) pour les retraités, évaluée à 4,5 milliards d’euros, conformément à un rapport de la Cour des comptes publié le 17 avril 2024.
Les retraités modestes épargnés
L’étude de l’Observatoire souligne que les retraités aux revenus modestes seraient peu ou pas affectés par la réforme. Ceux déclarant jusqu’à 19 500 euros annuels resteraient non imposables. Pour des revenus situés entre 19 500 et 31 500 euros, l’augmentation de l’IR serait progressive : entre 10 euros pour les revenus les plus bas de cette tranche et 300 euros pour les plus élevés.
En revanche, pour les retraités disposant de revenus supérieurs à 31 500 euros par an, l’impact deviendrait significatif. L’étude estime des hausses d’impôt allant de 370 euros pour un revenu annuel de 31 500 euros à 860 euros pour 95 500 euros.
Un effet concentré sur les plus aisés
En définitive, cette réforme toucherait principalement les 15 % de retraités les plus fortunés. Mais Pierre Madec, économiste à l’OFCE et auteur de l’étude, nuance : « Rapportée au niveau de vie, la perte reste proportionnellement plus faible pour les 5 % de retraités les plus riches. »
Sources : https://www.ofce.sciences-po.fr/blog2024/fr/2025/20250109_PM/ ;https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2024-04/NEB-2023-Depenses-fiscales.pdf