
D’après les dernières statistiques, le nouveau plan d’épargne retraite draine déjà plus de la moitié des cotisations de retraite supplémentaire.
Deux ans après son lancement, le plan d’épargne retraite (PER) représente plus de la moitié de la collecte brute des placements destinés à se constituer un revenu de complément après la vie professionnelle. Selon les données diffusées le 7 février 2023 par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) – l’organisme des statistiques dépendant du ministère de la Santé et de la Prévention -, le montant cumulé des versements effectués sur les différents PER s’est élevé à près de 11 milliards d’euros au 31 décembre 2021. Soit 65% des 19,9 milliards d’euros de cotisations de retraite supplémentaire (qui s’ajoute à la retraite de base et à la retraite complémentaire) versées cette année-là.
Créé par la loi Pacte (pour Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) du 22 mai 2019, le PER est composé de trois compartiments : un compartiment individuel, appelé PER individuel (PERIN) ; un compartiment collectif facultatif, appelé PER d’entreprise collectif (PERCOL ou PERECO) ; un compartiment collectif obligatoire, appelé PER d’entreprise obligatoire (PERO). Les PERIN, PERCOL et PERO ont enregistré respectivement 8 milliards d’euros, 2,2 milliards d’euros et 970 millions d’euros de cotisations fin 2021. En pourcentage et dans le même ordre, cela représente 40%, 11% et près de 5% des versements réalisés il y a deux ans sur les dispositifs d’épargne retraite.
Succès du PERIN
Plusieurs raisons expliquent cette part importante du PER sur le marché de la retraite supplémentaire en l’espace de seulement deux ans. Tout d’abord, il faut savoir que, depuis le 1er octobre 2020, ce nouveau placement a remplacé la plupart des dispositifs individuels et collectifs d’épargne retraite. Depuis cette date, il n’est plus possible de souscrire un plan d’épargne retraite populaire (Perp), un contrat de retraite Madelin (réservé aux travailleurs non-salariés), un plan d’épargne pour la retraite collectif (Perco) ou un régime de retraite d’entreprise à cotisations définies, plus connu sous l’appellation d’« article 83 » (en référence à l’article du Code général des impôts qui le réglemente).
Mieux : la loi Pacte permet de transférer l’encours (le cumul des versements, majoré des gains) d’un Perp ou d’un contrat Madelin dans un PERIN, d’un Perco dans un PERCOL et d’un article 83 dans un PERO. Mais c’est surtout le succès du PERIN qui est à l’origine de la percée du PER. Toujours d’après l’étude de la Drees, si les versements sur le PERO représentent 26% des cotisations sur les dispositifs collectifs obligatoires et ceux sur les PERCOL, 65% des cotisations sur les dispositifs collectifs facultatifs, le ratio grimpe à 75% des cotisations sur les dispositifs individuels concernant les versements sur le PERIN.
Un homme, quinqua, CSP+
Comparé au Perp et au Madelin, le PERIN présente, il est vrai, plusieurs avantages. Contrairement à ses deux prédécesseurs, il prévoit un déblocage anticipé (c’est-à-dire avant le départ à la retraite) de l’encours pour l’acquisition de la résidence principale. Alors que le contrat Madelin propose uniquement une sortie en rentes viagères et le Perp, une sortie en capital limitée à 20% de l’encours, le souscripteur d’un PERIN peut décider de dénouer, à la retraite, son PERIN à 100% en rentes, à 100% en capital ou, à la fois en rentes et en capital, dans les proportions qu’il souhaite. Certains contrats prévoient des retraits programmés : au lieu de liquider son PERIN une fois qu’il a atteint l’âge légal de départ (fixé actuellement à 62 ans), l’assuré peut décider d’effectuer des rachats partiels, les sommes restantes sur son plan continuant à générer des gains.
L’étude de la Drees renseigne également sur le profil des détenteurs de PERIN. Il s’agit à 51% d’un homme (45% pour l’ensemble des produits d’épargne retraite), âgé principalement de 50 à 59 ans (40% des adhérents, 37% des nouveaux adhérents) et qui disposent de moyens financiers conséquents. Quelque 22% des souscripteurs d’un PER versent 5.000 euros ou plus par an sur leur plan, contre 13% de l’ensemble des cotisants à une retraite supplémentaire (tous dispositifs confondus).