
Les Français partent à la retraite plus tôt et bénéficient d’un taux de remplacement plus élevé par rapport aux habitants de la majorité des pays développés.
Les Français sont chanceux. Ils bénéficient d’un bon système des retraites, salue l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans son dernier « Panorama des pensions » rendu public le 27 novembre 2019. Le taux de remplacement – c’est-à-dire la différence entre la pension de vieillesse servie et le dernier salaire perçu – en vigueur en France est supérieur à la moyenne des 36 pays membres de l’organisation. Après une carrière complète (environ 40 ans de cotisation) à un salaire moyen (ce qui exclut les cadres et les professions libérales), les Français touchent à la retraite l’équivalent de 71% à 74 % de leur dernière rémunération, contre une moyenne OCDE de 58 % à 68 %.
Certes, les jeunes Français qui entrent aujourd’hui sur le marché du travail vont avoir un taux de remplacement inférieur de 10 points à celui de la génération née en 1940. Il n’empêche, « cette baisse est légèrement moindre qu’en moyenne dans l’OCDE », souligne le club des pays développés. Car, contrairement aux idées reçues, la France a adopté ces 25 dernières années un certain nombre de mesures d’économies pour faire face au vieillissement de la population.
Une situation enviable
Dans son rapport, l’OCDE cite l’augmentation des cotisations vieillesse, l’allongement du nombre de trimestres pour percevoir une pension sans décote, la baisse du rendement des cotisations de retraite complémentaire Agirc-Arrco et la sous-indexation des pensions par rapport à l’inflation. Parallèlement, l’allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa), réservée aux retraités les plus modestes, a été revalorisée. « Le montant du minimum vieillesse, bénéficiant aux plus de 65 ans les plus vulnérables, aura augmenté de 12,5 % en nominal entre avril 2018 et janvier 2020 », rappelle l’OCDE.
Avec un âge effectif de départ (tous statuts professionnels confondus) de 60,8 ans, la France se situe à l’avant-dernier rang des États membres de l’OCDE, après la Slovaquie (60,5 ans). Nos compatriotes liquident ainsi leurs droits quatre ans en moyenne avant les habitants des autres pays développés. Le seul point négatif du système français des retraites pointé par l’OCDE porte sur la retraite des non-salariés, et particulièrement celle des travailleurs indépendants (artisans et commerçants).
Une réforme dans le bon sens
Parce qu’ils perçoivent des revenus souvent moins élevés que les salariés, et surtout parce qu’ils cotisent moins qu’eux, les indépendants touchent des retraites plus faibles. Le niveau de pension d’un artisan ou d’un commerçant, qui a débuté son activité en 2018, sera inférieur, à revenus identiques, de 17 % à celui d’un salarié de la même génération. « Cet écart est similaire à la moyenne des pays de l’OCDE, mais il est beaucoup moins élevé qu’en Allemagne et en Espagne », note l’organisation.
D’une manière générale, l’institution juge que la réforme des retraites en préparation va dans le bon sens. Le remplacement des 42 régimes actuels par un système universel en points dans lequel les règles seront identiques pour tous les assurés va « réduire l’extrême complexité du système et les grandes différences entre les nombreux régimes ».
Une transition longue
La prise en compte de l’ensemble des périodes travaillées et non, comme aujourd’hui, les 25 meilleures années de salaire dans le privé et les six derniers mois de traitement dans le public, constitue la norme, constate l’OCDE. Sur les 36 pays membres, seuls six (*) ne calculent pas les retraites sur l’ensemble de la carrière. L’instauration d’un âge pivot, en deçà duquel les pensions sont minorées et qui évolue en fonction de l’espérance de vie, est également répandue. « Environ la moitié des pays de l’OCDE appliquent des mécanismes d’ajustement automatique. »
L’organisation du château de la Muette prévient que la transition entre l’ancien et le nouveau système va prendre du temps. Si la bascule s’est étalée sur une période de 10 à 15 ans en Norvège, en Pologne et en Suède, on n’est toujours pas capable de connaître sa date d’achèvement en Italie…
(*) France, États-Unis, Espagne, Australie, Slovénie, Portugal.
Source : oecd.org