
Si le système « universel » de retraites en points va entrer en vigueur en 2025, la convergence des régimes actuels va prendre au moins 15 ans, a averti le Premier ministre Édouard Philippe.
La réforme des retraites n’est pas pour demain. Si la mise en place du système « universel », destiné à remplacer les 42 régimes de retraite actuels, va bien démarrer au 1er janvier 2025, son application effective mettra plus de temps, a reconnu Édouard Philippe dans un discours prononcé le 12 septembre dernier au Conseil économique, social et environnemental (Cese). « Le nouveau système ne s’appliquerait entièrement qu’à partir de 2040 », a indiqué le Premier ministre. En effet, l’alignement des paramètres (taux de cotisation, âge de départ, calcul des pensions…), qui doit permettre aux assurés d’être soumis aux mêmes règles quel que soit leur statut professionnel, va se faire régime de retraite par régime de retraite. « Chaque régime devra dessiner son propre chemin de convergence. Tant que ce chemin ne sera pas tracé, le nouveau système ne leur sera pas appliqué », a assuré le Chef du Gouvernement.
De nombreux écueils à régler
Or, plusieurs écueils sont d’ores et déjà apparus. Dans son rapport remis le 18 juillet 2019 à Édouard Philippe et qui doit servir de base de travail au futur projet de loi, Jean-Paul Delevoye, le Haut-commissaire aux retraites entré depuis au gouvernement, propose de fixer le taux de cotisation du futur système à 28,12 %, soit grosso modo celui des salariés du secteur privé. Pour les travailleurs non-salariés (artisans, commerçants, chefs d’entreprise, professions libérales), actuellement assujettis à un taux d’environ 14 %, cela signifierait un doublement des charges sociales à payer.
Autre difficulté : les départs anticipés accordés à la catégorie dite « active » de la fonction publique qui rassemble les agents dont les conditions de travail sont jugées pénibles et/ou dangereuses. Déjà, alors que l’âge minimum de liquidation des droits à la retraite sera fixé à 62 ans dans le nouveau régime, Édouard Philippe a confirmé que les militaires et les policiers pourront continuer à partir plus tôt. Aujourd’hui, les premiers sont autorisés à liquider leurs droits, en fonction de leur grade, après 17 ou 27 ans de services, tandis que les seconds peuvent prendre leur retraite dès 52 ans.
Des concertations et dérogations à prévoir
Les aides-soignants des hôpitaux publics ne perçoivent pas beaucoup de primes non plus, mais ce sont leurs conditions de départ qui risquent de coincer. Leur âge de départ devrait passer de 57 à 62 ans afin de s’aligner sur celui de leurs homologues des cliniques privées. Là encore, une dérogation pourrait être prévue. Le rapport Delevoye préconise de relever l’âge de départ des aides-soignants des hôpitaux de quatre mois par classe d’âge. Les premiers à partir à la retraite à 62 ans seront ceux nés en 1982, ce qui porte la convergence à… 2044.
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