
Si seulement un tiers des personnes interrogées sont favorables au futur système « universel » de retraites, cette proportion est en nette augmentation, pointe un sondage.
Le principe d’un système « universel » des retraites, qui remplacerait progressivement à partir de 2025 les 42 régimes actuels, fait son chemin dans l’esprit des Français. Selon un sondage rendu public le 5 septembre 2019 et réalisé par l’institut Elabe pour le compte du quotidien Les Échos, de Radio Classique et de l’Institut Montaigne, si à peine 33 % des 1 000 personnes interrogées se déclarent favorables à la réforme des retraites en préparation, ce pourcentage enregistre un bond de six points par rapport à une enquête analogue menée début juillet.
Dans le même temps, les proportions des sondés qui se prononcent contre la réforme et ceux qui se disent « ni favorables, ni opposés » cèdent trois points en l’espace de deux mois, pour atteindre respectivement 44 % et 22 % des répondants. La part de « sans opinion » demeure stable à 1%.
Ce soutien plus important au projet, même s’il reste largement minoritaire, est de bon augure pour le gouvernement, sachant que le second sondage a été réalisé les 3 et 4 septembre derniers, c’est-à-dire après que Jean-Paul Delevoye, le Haut-commissaire à la réforme des retraites, a remis le 18 juillet ses préconisations au premier ministre Édouard Philippe.
Soutien des CSP +
Avec 55 % d’avis favorables, ce sont les cadres et les professions intellectuelles supérieures qui se montrent les plus enthousiastes à l’égard de la future réforme. Un résultat étonnant alors que les hauts salaires devraient être pénalisés par le système « universel ». Jean-Paul Delevoye propose, en effet, que l’assiette de cotisations vieillesse soit limitée à trois plafonds de la Sécurité sociale (PSS), contre huit PSS aujourd’hui à l’Agirc-Arrco. Concrètement, cela signifie que les assurés ne vont plus cotiser, tous les mois, sur les 28 000 premiers euros qu’ils gagnent, mais seulement sur les 10 000 premiers euros. En cotisant moins, les gros revenus vont logiquement s’ouvrir moins de droits à la retraite. Leurs pensions seront donc réduites d’autant.
Les deuxièmes plus grands supporters de la réforme se recrutent chez les artisans et les commerçants (51 % d’avis favorables). Le soutien n’est, cette fois-ci, pas très surprenant. Toujours dans son rapport, Jean-Paul Delevoye prévoit une retraite minimum pour les assurés justifiant d’une carrière complète équivalente à 85 % du Smic. Or, les artisans et commerçants perçoivent généralement des pensions modestes, notamment parce qu’ils cotisent proportionnellement moins à la retraite que les autres actifs.
Rejet de l’« âge pivot »
Les plus réticents à la réforme se trouvent chez les employés (19 % d’avis favorables) et les ouvriers (16 %). On peut imaginer que les agents des régimes dits « spéciaux » (EDF, SNCF, RATP…) font partie de cette dernière catégorie. Or, la mise en place du système « universel » entraînerait à terme la suppression de ces régimes qui proposent, pour certains affiliés, des départs à la retraite à 57 ans, voire 52 ans.
Un système en vigueur aujourd’hui via les annuités (trimestres de retraite) et qu’Emmanuel Macron semble, contre toutes attentes, préférer à l’âge pivot, qui pourrait être fixé à 64 ans et qui serait identique pour tous les assurés. Dans un entretien transmis le 26 août sur France 2, le chef de l’Etat a estimé la durée de cotisation plus juste, car prenant mieux en compte les « carrières longues ».
Source : elabe.fr