Retraite : l’équilibre financier du système repoussé
Selon le Conseil d’orientation des retraites, le déficit cumulé des régimes serait résorbé, dans le meilleur des cas, en 2042, au lieu de 2036. La faute à la baisse des recettes consécutive à la réduction du nombre de fonctionnaires.
L’horizon du système français des retraites s’assombrit. Alors que le « trou » cumulé des 42 régimes devait être résorbé en 2036, il serait finalement comblé au mieux en 2042, d’après les projections mentionnées dans le rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites (COR) présenté le 13 juin 2019. Et encore : cet équilibre financier serait atteint avec une hausse de l’activité de 1,8 % par an, un scénario très optimiste. Avec une productivité en augmentation de 1,5 % par an, le système ne sortirait du rouge qu’en… 2056.
Pire : avec des taux de 1,3 % ou de 1 % par an (proches de la réalité actuelle), les régimes de retraite demeureraient déficitaires « durablement », soit jusqu’en 2070 (la limite des projections du COR). Mais ce qui inquiète le plus dans les nouvelles prévisions de ce conseil consultatif, placé sous l’autorité du Premier ministre et dont les travaux font autorité, c’est le court terme.
Contrairement à ce que le précédent rapport annuel du COR avait annoncé, le déficit des régimes représenterait non pas 0,2 % du produit intérieur brut (PIB) en 2022, mais 0,4 % du PIB. À la fin du quinquennat d’Emmanuel Macron, le système va ainsi accuser une perte de 10 milliards d’euros, au lieu des 5 milliards d’euros prévus.
Des dépenses stables
Le problème ne vient pas des dépenses. Selon le COR, le volume des prestations versées par les régimes de retraite devrait demeurer stable à 13,8 % du PIB (la richesse nationale), en dépit du vieillissement de la population française. Cette prouesse résulte de la revalorisation des pensions sur l’inflation, et non pas sur l’augmentation salariale. Les prix ayant tendance à progresser moins vite que les salaires, l’écart entre les retraites et les revenus d’activité se creuse.
Les réformes passées (loi Balladur de 1993, loi Fillon de 2003, loi Woerth de 2010, loi Touraine de 2014) ont aussi pour effet de contenir les dépenses. Le recul de 60 à 62 ans de l’âge minimum de départ à la retraite et l’augmentation de la durée d’assurance (le nombre de trimestres de cotisations requis pour percevoir une pension sans décote) poussent les Français à liquider leurs droits plus tard. Ce qui réduit le volume des prestations à servir.
Des cotisations en recul
En réalité, le dérapage des finances des régimes de retraite provient de la baisse des recettes. Le volume des cotisations devrait, en effet, tomber à 13,4 % du PIB en 2022. Ce repli résulte essentiellement de la réduction de la masse salariale dans le secteur public. Avec la fin de l’embauche sous statut cheminot à partir du 1er janvier 2020, le régime de la SNCF va progressivement disparaître.
Le gel du point d’indice de la fonction publique et la réduction du nombre de fonctionnaires, engagés depuis une dizaine d’années, entraînent également une chute brutale des cotisations. Ce dernier point est d’autant plus dommageable que l’État compense financièrement pour maintenir les régimes publics de retraite à l’équilibre. Autant de recettes en moins pour le système dans son ensemble.
Source : http://www.cor-retraites.fr/IMG/pdf/doc-4576.pdf