De 2010 à 2015, le pouvoir d’achat des retraités a reculé de 0,5 % sous l’effet principalement d’un alourdissement des prélèvements fiscaux et sociaux, pointe un document du Conseil d’orientation des retraites.
Le sentiment largement répandu chez les retraités d’une perte de pouvoir d’achat est justifié. Selon un document de travail du secrétariat général du Conseil d’orientation des retraites (COR) dévoilé le 17 avril 2019, leur niveau de vie, qui avait progressé en moyenne de 1,4 % par an de 1996 à 2010, a reculé de 0,5 % durant la période comprise entre 2010 et 2015.
Si ce repli peut paraître faible, il est surprenant à deux titres. Primo, il faut savoir qu’entre 2002 et 2015, la revalorisation des retraites a suivi de près la hausse des prix à la consommation. Compte tenu de cette indexation sur l’inflation, « chaque retraité, à un niveau individuel, a conservé peu ou prou la même pension brute en euros constants d’une année sur l’autre », observe le COR.
« L’effet noria »
Certes, les retraites ne font pas tout. Les pensions de vieillesse représentent en moyenne 70 % des ressources des retraités, rappelle le COR. Le reste provient à 17 % des revenus du patrimoine, à 11 % des revenus d’activité (essentiellement issus de l’année de transition entre vie active et retraite et de la cohabitation au sein du couple d’un actif et d’un retraité) et à 2 % d’autres prestations, dont le minimum vieillesse.
Hausse du patrimoine
Or, la valeur du patrimoine a fortement augmenté sous l’effet de la hausse des actions et des prix de l’immobilier, avant d’être grignotée par la crise financière et la baisse des taux d’intérêt. Toujours d’après les calculs du COR, les revenus d’activité et du patrimoine conjugués sont passés, en moyenne, de 615 euros par mois par foyer de retraités en 2002 à plus de 700 euros par mois en 2008, pour retomber à 640 euros par mois en 2015.
Pour expliquer le déclin du niveau de vie des retraités alors que leurs pensions et leurs revenus ont globalement augmenté, il faut aller chercher du côté des prélèvements obligatoires (impôt sur le revenu, taxe d’habitation, prélèvements sociaux…). De 2008 à 2014, ces taxations ont bondi de 3,1 points, dont 2,1 points pour le seul impôt sur le revenu (IR).
Alourdissement de la fiscalité
Alors que le pouvoir d’achat des retraités était amputé en moyenne de 240 euros par mois par les prélèvements fiscaux et sociaux en 2002, le manque à gagner pour cette catégorie de la population a atteint 340 euros en 2015. « La hausse des taux de prélèvements a eu pour effet de freiner, puis de quasiment stopper à partir de 2009 la hausse du niveau de vie des retraités », constate le COR.
Ils ne sont pas les seuls à avoir subi ce durcissement de la fiscalité : le niveau de vie des actifs a baissé en moyenne de 2,3 % entre 2010 et 2015. Reste que l’étude du COR ne prend pas en compte la hausse de la contribution sociale généralisée (CSG) de 1,7 point intervenue le 1er janvier 2018 et compensée, pour les salariés, par la suppression des cotisations chômage et maladie.
Source : http://www.cor-retraites.fr/IMG/pdf/doc-4510.pdf