
Un premier bilan des votes des internautes sur la plateforme collaborative consacrée à la future réforme des retraites a été publié. Il en ressort une large adhésion à l’instauration d’un régime universel.
Visiblement, la future réforme des retraites passionne les Français. D’après un communiqué diffusé le 3 septembre 2018 par le Haut-commissariat à la réforme des retraites, quelque 20.000 personnes se sont d’ores et déjà inscrites sur la plateforme de participation citoyenne https://participez.reforme-retraite.gouv.fr/. Lancé le 31 avril dernier par la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn et le Haut-commissaire en charge de la réforme des retraites Jean-Paul Delevoye, cet outil en ligne permet aux internautes de formuler des propositions, mais aussi de donner leur avis sur 11 thématiques liées à la réforme.
Quatre mois après son lancement, plus de 27.000 contributions et plus de 180.000 votes ont été postés sur la plateforme. Il en ressort une large adhésion à la promesse d’Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle de mettre en place un régime de retraite universel dans lequel tous les assurés, quel que soit leur statut professionnel, seraient soumis aux mêmes règles. 77% des participants se déclarent ainsi d’accord avec le constat « le système actuel de par sa complexité (42 régimes différents) génère de l’injustice et freine les mobilités professionnelles. »
Un plancher et un plafond de retraites
D’ailleurs, lorsqu’on leur propose d’instaurer un régime pour les actifs du secteur privé et un autre pour les agents de la fonction publique, les internautes se prononcent majoritairement contre. Selon eux, il s’agirait d’une « demi-mesure » qui ne faciliterait pas, en outre, le passage des travailleurs du public au privé. Les déclarants souhaitent un régime unique, avec notamment les mêmes taux de cotisations vieillesse pour tous. En revanche, ils se disent favorables à l’intégration des primes des fonctionnaires dans le calcul de leurs retraites (ce qui n’est pas le cas aujourd’hui).
Les internautes sont opposés à l’instauration d’un montant de retraite identique quelle que soit la carrière professionnelle passée. Ils y voient un risque de « désincitation » au travail, voire de « fuite de cerveaux », les actifs bien payés étant pénalisés par ce système. Ils proposent plutôt la mise en place d’un seuil minimal de retraite « décent » et d’un plafonnement des pensions les plus élevées.
Prise en compte de la pénibilité
Pour les internautes, l’instauration d’un régime universel de retraite ne doit pas empêcher la prise en compte de la pénibilité. Ils ne s’accordent pas, toutefois, sur les compensations à octroyer aux personnes travaillant dans des conditions difficiles (travail de nuit, travail à la chaîne…). Certains préconisent une indemnisation en salaire tandis que d’autres militent pour un départ anticipé à la retraite.
Plus original, les contributeurs plaident pour « un atterrissage en douceur » pour les futurs retraités. Les seniors travailleraient à temps partiel en fin de carrière sans que cette réduction du temps de travail n’ait d’impact sur le niveau de leurs pensions.
Des trimestres pour les études supérieures
Des internautes souhaitent également que les études supérieures donnent droit à des trimestres de retraite. Ces trimestres « gratuits » pourraient être majorés pour les cursus « difficiles », comme les études de médecine. Il est possible aujourd’hui de racheter des trimestres de cotisation au titre des études supérieures mais ces rachats (limités à 12 trimestres) sont jugés trop onéreux.
Mais ce qui étonne le plus dans ce premier bilan, c’est qu’une majorité de contributeurs sont d’accord avec l’idée de ne pas prendre en compte les enfants dans le calcul de la retraite. A leurs yeux, les parents perçoivent déjà des allocations familiales et profitent du quotient familial. Par ailleurs, « ce n’est pas à la retraite que les enfants coûtent cher ». Ils trouvent que la majoration de pension de 10% attribuée aux pères et mères de trois enfants et plus est « disproportionnée » et « injuste » car favorisant les grosses retraites. Ces droits familiaux sont jugés discriminants vis-à-vis des assurés qui n’ont pas d’enfant et créent une « inégalité » entre les couples.
Source : https://reforme-retraite.gouv.fr/IMG/pdf/bilan_sept_18_v2.pdf