
L’Institut Montaigne a lancé le 12 mai 2016 un simulateur en ligne qui permet de voir les impacts des réformes sur les finances des principaux régimes de retraite.
Il est désormais possible de réformer le système français des retraites en quelques clics. Le 12 mai 2016, l’Institut Montaigne a mis en ligne un simulateur (*) qui permet de modifier les paramètres entrant dans le financement des régimes de retraite, comme le ratio entre le nombre de cotisants et le nombre de retraités, le taux de chômage ou encore l’âge de départ à la retraite.
L’objectif de cet outil, mis au point par l’Institut de la protection sociale (IPS) pour le compte du « think tank », est double. Il doit permettre aux Français non seulement de prendre conscience du déficit financier grandissant des régimes, mais également de la difficulté… à en restaurer l’équilibre. En se connectant sur le simulateur de l’Institut Montaigne, l’internaute peut tout d’abord visualiser les perspectives financières des six principaux régimes français des retraites.
Déficit en vue
L’outil du laboratoire d’idées porte en effet uniquement sur le régime de base des salariés (Cnav), les régimes complémentaires des salariés (Arrco) et des cadres (Agirc), le régime des fonctionnaires d’Etat (FPE) et des fonctionnaires territoriaux et hospitaliers (CNRACL), ainsi que sur le Fonds de solidarité vieillesse (FSV) qui verse notamment l’Aspa (l’ex-minimum vieillesse).
A noter : les régimes des artisans et commerçants (RSI), des professions libérales (médecins, avocats, notaires, experts-comptables…) et les régimes dits « spéciaux » (marins, mineurs, clercs de notaire, SNCF, RATP…) ne sont pas pris en compte.
Premier enseignement : en l’état actuel des choses, le déficit cumulé des six régimes atteindrait 55 milliards d’euros en 2030, 95 milliards d’euros en 2040 et 153 milliards d’euros en 2060. Les causes de cette détérioration sont connues : le nombre de retraités augmente sous l’effet de l’allongement de l’espérance de vie alors que le nombre de cotisants, notamment à cause du chômage de masse, tend à baisser. En d’autres termes, les recettes diminuent tandis que les dépenses explosent.
Plusieurs leviers possibles
Deuxième constat : l’internaute se rend vite compte que la solution n’est pas seulement démographique ou économique. Avec un taux de natalité supérieur de 10 % aux hypothèses de l’Insee, le déficit s’élève encore à 52 milliards d’euros en 2030, 86 milliards en 2040 et 132 milliards en 2060. Le plein emploi, soit un taux de chômage de 5 %, ne serait guère plus efficace avec un solde négatif d’environ 50 milliards en 2030, 90 en 2040 et 146 en 2060.
Un recul important de l’âge légal de départ ne suffirait pas non plus à combler le « trou ». En le repoussant de 62 à 65 ans, il se situerait à 12 milliards en 2030, 47 en 2040 et 51 en 2060. Même en décalant l’âge légal à 67 ans, le déficit se chiffrerait à 48 milliards d’euros en 2060.
L’internaute réalise ainsi qu’il est nécessaire de jouer sur plusieurs leviers à la fois. Pour atteindre le quasi-équilibre financier en 2060, une simulation montre qu’il faut ramener le taux de chômage à 5 %, reculer l’âge de départ à 65 ans, aligner les règles des régimes publics sur celles du privé, augmenter de 1 % les cotisations et baisser de 0,3 % les pensions. Des perspectives peu réjouissantes.
(*) http://www.financespubliques.fr/retraites/
A propos de la réforme du système de retraite français, lire aussi :
- Retraites : quels changements au premier trimestre 2016 ?
- Retraites : les mesures introduites en 2015